Marie-Pierre Arthur Genre(s): Folk contemporain Provenance: Québec (Canada)
Du temps où elle était bassiste-choriste pour dʼautres (Mara Tremblay, Karkwa, Ariane Moffatt, Stefie Shock et même Édith Butler), Marie-Pierre Arthur avait attiré notre attention avec sa voix pleine dʼétoiles, son regard magnétique, une énergie un peu space et surtout, cette façon de pincer les cordes de sa Höfner. Il était évident que la native de Grande-Vallée en Gaspésie était beaucoup plus quʼune simple musicienne-accompagnatrice. Quelque chose en elle semblait vouloir sʼembraser. Puis, lʼenvie de faire un album sʼest imposée comme une promesse dʼenivrement, avec le vertige qui vient avec. Lʼidée que ça pourrait être le fun revenait en boucle dans ma tête, je ne pouvais plus lʼignorer, confie-t-elle. Les petits flashs que jʼavais au départ se sont transformés en véritable obsession. Pendant un bout de temps, je me suis sentie prisonnière de mon idée parce que je nʼavais pas encore compris le chemin à prendre. Il nʼy avait pas de chemin; la seule chose à faire était de regarder droit devant, de prendre une grande inspiration et de sauter dans le vide. Ce que fit Marie-Pierre.
Et cʼest ainsi quʼau beau milieu de lʼhiver 2009, une belle brune à la voix claire a atterri dans le paysage de la chanson dʼici, avec, dans ses mains comme une offrande, un bouquet de chansons folk gravées sur un premier album qui a récolté au passage critiques enthousiastes, trois nominations à lʼADISQ (Révélation de lʼannée, Chanson populaire (Pourquoi), Album Folk Contemporain), présence dans les palmarès de fin dʼannée du Devoir, de La Presse et de Rue Frontenac, une nomination aux Indie Music Awards pour le Meilleur album francophone. De plus, en 2010, Marie-Pierre figure parmi les Révélations Radio-Canada Musique 2009-2010, elle a reçu le prix Étoiles Galaxie durant le festival Osheaga, le prix André « Dédé » Fortin de la SPACQ, le prix Chanson Populaire de la SOCAN pour Pourquoi et fut nominée à lʼADISQ pour Spectacle de lʼannée, ainsi quʼau Grand Prix de la relève musicale Archambault 2010. Sans oublier les nombreux spectacles quʼelle a donnés un peu partout au Québec – dont plusieurs à guichet fermé –, en Ontario, et une percée récente en France. Le charme a opéré.
Mais quel est donc le secret de cette fille que le vent appelle par son prénom? Pas facile de mettre le doigt dessus. Chanteuse atypique, musicienne expérimentée, Marie-Pierre tutoie ses démons, procède à de délicates opérations à coeur ouvert, cherche à se colleter à la vérité, en manifestant un désir tenace et le courage dʼaller voir ce quʼil y a au bout des couloirs sombres, implorant sa bonne étoile, sans jamais verser dans la langueur apitoyée dʼune complainte. Je me pose tellement de questions; ça se sent dans mes chansons, dit celle dont la sensibilité à la fois vaporeuse et brute évoque celle de Cat Power, Feist, Emily Haines et Eleni Mandell. Pour moi, cʼétait important que les mots soient larges et longs, quʼon puisse sʼinventer une histoire en en attrapant quelques-uns au vol. Je suis pas fan des textes où on tʼemmène exactement où on veut que tu ailles, quand tu peux pas flyer dans ta tête… Et puis tʼes pas obligé de feeler tout croche quand tʼécoute mon album parce que les musiques sont joyeuses.
Les musiques sont à lʼimage de son parcours : base folk très personnelle aux accents countrysants, étoffe nord-américaine qui vibre au son dʼune basse chaleureuse et groovante, quelques passages où ça rocke un peu plus avec Olivier Langevin et les potes de Karkwa (Louis-Jean Cormier et François Lafontaine, également co-réalisateurs avec Marie-Pierre). Ajoutez Robbie Kuster (batterie pour Patrick Watson), Gaële à la co-écriture des textes et on obtient cet album ouaté que lʼon enfile comme un tricot en automne, compagnon des virées sur lʼautoroute ou des soirs de pleine lune, témoin prévilégié du beau risque de Marie-Pierre.
Durant sa dernière tournée, derrière sa quatre-cordes et les vibrations basses, la musicienne faisait danser un petit bébé dans son ventre. La cigogne est passée en juin 2010 et, dès lʼautomne, Marie-Pierre fut de retour sur les planches, celles dʼici et dʼEurope – des pourparlers sont engagés avec la France – pour poursuivre cette épopée, la sienne, puisque lʼaventure nʼest pas terminée, bien au contraire : Tout ça nʼest quʼun début, confirme-t-elle, pétillante. Et ça ne saurait être plus vrai. Déjà depuis le début de lʼannée 2011, on retrouve une collaboration flamboyante entre Marie-Pierre et Buck 65 sur lʼalbum de ce dernier 20 Odd Years (paru en février).
À paraître le 7 février prochain, Aux alentours succède à un premier album encensé par la critique et embrassé par le public, qui aura mené la chanteuse jusqu'en France.
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