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Pour fêter ses 10 ans de vie au Québec, la chanteuse d'origine française Gaële a invité Richard Desjardins, le groupe hip-hop Kodiak et une chorale d'une vingtaine d'amis chanteurs à collaborer à son deuxième album Diamant de papier, tout en y reprenant du Daniel Bélanger et en y versant certaines de ses plus jolies chansons à elle.
Si on va sur son site, on peut visionner de petites capsules que Gaële a conçues pour relater avec humour ses 10 ans ici, problèmes d'immigration et concours gagnés compris: «Disons que je ne me suis pas fait la vie plus simple, en émigrant, et que je me suis même compliqué la patente, explique-t-elle avec son accent inimitable de fille née dans les Alpes. Je sais que ma route va être plus longue que pour d'autres, mais je réalise aussi que cette dualité est une force. Dans le fond, j'aime être assise entre deux chaises. Ça me convient: j'aime le noir, j'aime le blanc, mais aussi le gris!»
Au cours des deux dernières années seulement, la jeune auteure-compositrice-interprète a collaboré aux albums de Marie-Pierre Arthur (elle a coécrit toutes les chansons du très bel album éponyme de Miss Arthur), Michel Cusson, Damien Robitaille, Alexandre Désilets et même... Line Renaud, oui, la mythique Line Renaud, chanteuse et icône française de 82 ans.
Et comment devient-on la parolière de Line Renaud? «C'est grâce à Damien Robitaille, explique Gaële en riant d'un très joli rire. Les éditeurs de Line Renaud voulaient sortir un disque swing, ils ont entendu l'album Homme autonome de Damien et ils l'ont contacté!» Damien accepte... mais appelle illico son amie Gaële: l'adorable Franco-Ontarien lui explique qu'il lui faut «écrire en français pour une Française» ! Résultat des courses: madame Renaud a déjà deux chansons du tandem Damien-Gaële dans sa besace et en attend une troisième!
Mais tout cela nous éloigne de l'album que lance Gaële elle-même mardi, Diamant de papier, qui allie raffinement, solidité (c'est la facette diamant), vulnérabilité et éphémère (la facette papier) ...
Un album primesautier, avec des musiques très percussives, des touches world («c'est mon côté pack-sack!»), un hymne à L'accent d'icitte (avec Desjardins dans le rôle du Québécois pure laine), des cuivres en masse et du ukulélé, des échantillonnages et des choeurs chaleureux: «C'est ce que j'appelle ma «chorale d'amis» (Marie-Annick Lépine, Mara Tremblay, Jipé Dalpé, etc.), ils sont une vingtaine, je les ai invités à venir un après-midi enregistrer les voix - disons que l'après-midi a débuté à 14h et s'est terminé à 2h du matin, j'avais préparé un buffet, on a fait la fête...»
Ce côté souriant, lumineux, on le sent partout sur cet album solaire, y compris dans la reprise de La folie en quatre de Daniel Bélanger: «J'ai choisi cette reprise d'abord pour le thème, la folie, mais aussi parce que c'est le premier artiste que j'ai découvert quand je suis arrivée ici; j'avais envie de la mettre à ma sauce, plus légère, avec du ukulélé, mais aussi ma chorale d'amis, et quand ils se sont mis à chanter, les 20 ensemble, c'était tellement beau...»
Entraide
Des amis parmi les musiciens et chanteurs, Gaële s'en est fait en masse en 10 ans, parmi les plus établis (Desjardins et Bori, dont elle a assuré les premières parties) comme les moins connus: «C'est normal, émerge ensemble, donc on s'entraide pour y parvenir.
«Sur cet album, reprend-elle, je voulais laisser place à l'imperfection parce que ça sentait plus le vivant et le partage.» C'est la même notion de partage et d'entraide qui préside quand elle fait partie de la tournée Toutes les filles, aux côtés de Catherine Durand, Sylvie Paquette et compagnie. «J'ai choisi de vivre au Québec parce que j'y suis bien, conclut Gaële. J'ai un côté très urbain, mais aussi quelque chose de profondément vintage, je suis une bidouilleuse, une «patenteuse»: c'est tout ça, je crois, qui fait que je suis ici à ma place.»
Elle sera aussi à sa place aux FrancoFolies de Montréal, en formule solo le 12 juin (jumelée à Mélanie Pain, chanteuse de Nouvelle Vague) et avec une partie de sa bande d'amies, le 14 juin, dans le cadre de la soirée Toutes les filles.
Article de Marie-Christine Blais, La Presse, Publié le 10 avril 2010
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