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Depuis la sortie de son premier album, Marie-Pierre Arthur jouit d'un remarquable succès d'estime. Lancé au début de cette année, ce premier disque éponyme a été applaudi, une nouvelle voix s'est d'ores et déjà imposée. Parmi les artistes émergents de la scène québécoise «indé», la chanteuse, bassiste, auteure, compositrice, leader et réalisatrice se démarque comme jamais. La voici qui s'apprête à passer le grand test de la scène.
Depuis la sortie de son premier album, Marie-Pierre Arthur jouit d'un remarquable succès d'estime. Lancé au début de cette année, ce premier disque éponyme a été applaudi, une nouvelle voix s'est d'ores et déjà imposée. Parmi les artistes émergents de la scène québécoise «indé», la chanteuse, bassiste, auteure, compositrice, leader et réalisatrice se démarque comme jamais. La voici qui s'apprête à passer le grand test de la scène.
Marie-Pierre, fille d'Arthur Fournier de Grande-Vallée, a fait ce que font presque tous les musiciens des régions: faire son baluchon dès l'âge de 16 ans, quitter le nid familial, aller vivre à la grande ville afin d'y poursuivre des études de musique. Un voyage qu'elle a accompli avec succès.
Elle était prédisposée, la Marie-Pierre Arthur, jeune Gaspésienne pour le moins allumée, déterminée, forte de cette assurance relaxe qu'on acquiert plus aisément dans les grands espaces. Maman et papa ont été musiciens de bar, un de ses frères possède une entreprise de sonorisation et un autre, Sébastien Fournier, est claviériste et directeur musical reconnu à Montréal.
«Je suis le bébé de la famille. Mes parents avaient légué l'équipement de scène aux enfants. J'ai d'abord appris mon métier avec mes frères et les petits groupes de ma région. Professionnellement, j'ai travaillé avec l'aîné qui en avait un peu marre de jouer dans les clubs, mais qui m'avait fait cette faveur afin que je prenne de l'expérience», se remémore la musicienne.
Ainsi, Marie-Pierre Arthur a débarqué à Montréal au terme de l'adolescence, afin d'y étudier le chant jazz au cégep de Saint-Laurent et à l'Université de Montréal. La basse, elle en jouait déjà dans les bars gaspésiens. Sa Höfner (la même que Sir Paul McCartney), elle l'a achetée d'un gars qui en avait débusqué une paire sur eBay. Elle trouve d'indéniables qualités rock à cet instrument popularisé par le célébrissime membre des Beatles et que, étrangement, utilisent beaucoup de musiciennes, de Tal Wilkenfeld à Esperanza Spalding en passant par Melissa Auf der Maur et MeShell Ndegeocello.
«Pourquoi tant de bassistes? Je me demande plutôt pourquoi les filles ne jouent pas d'autres instruments! Enfin... je sais aussi pourquoi les filles jouent de la basse. Dans les bands de ma région, en tout cas, elles en jouaient toutes parce que les gars voulaient faire les solos de guitare. Y avait juste les filles pour avoir l'humilité de dire: «O.K., je vais jouer la basse.»»
À sa sortie de l'université, Marie-Pierre a enseigné la musique et accepté tous les engagements possibles et imaginables.
De la variété en masse, puis Stefie Shock et surtout Ariane Moffatt, avec qui elle a beaucoup tourné - elle l'accompagnera d'ailleurs de nouveau l'automne prochain. «C'est très musical avec Ariane, elle laisse beaucoup de place à ses musiciens», estime notre interviewée... dont le rôle d'accompagnatrice ne semble plus une priorité par les temps qui courent.
Voler de ses propres ailes, assumer sa destinée de créatrice, diriger sa formation, se démarquer, voilà le chapitre que Marie-Pierre Arthur a entrepris de rédiger.
«Au début, relate-t-elle, on avait un groupe pour jammer: Marie et les marchands d'armes. On faisait du country, on reprenait des vieilles tounes qu'on arrangeait à notre manière. Juste pour sortir le méchant! Quand j'ai vu que ça générait de l'intérêt, j'ai voulu faire des chansons originales. Puisque je ne me considère pas comme une auteure, j'ai écrit les textes avec Gaële Tavernier, une grande amie.»
François Lafontaine et Louis-Jean Cormier ont coréalisé avec elle son disque éponyme. Les liens entre Karkwa et Marie-Pierre Arthur ne sont d'ailleurs pas que professionnels - elle forme un couple avec Lafontaine. Elle en sait donc beaucoup sur les projets du groupe dont elle assurera la première partie ce soir au Métropolis, notamment à propos de son prochain disque. «Complètement une autre affaire... Oupse! Faut pas que je parle trop!» échappe-t-elle.
Marie-Pierre n'en demeure pas moins libre de la configuration Karkwa. Comme une grande fille, elle mène et mènera sa barque.
«Être leader, estime-t-elle, c'est plus stressant, mais c'est plus grisant quand les gens apprécient. Une fierté directe! Tu en fais une affaire personnelle quand ça va bien, tu en fais une affaire personnelle quand ça va mal. C'est là que c'est dur, mais ce qui me fait le plus de bien, en tout cas, c'est de disposer d'un véritable espace de création, de créer en équipe. Ce sont les plus beaux côtés de ma nouvelle vie. Méchant beau buzz, que de s'obstiner, tripper, rire, chialer, et finalement être contents du travail accompli.»
Et voilà la Marie-Pierre Arthur qui entre par la grande porte.
[ Marie-Pierre Arthur, en première partie de Karkwa au Métropolis etait accompagnée de Denis Faucher, claviers, José Major, batterie, Joseph Marand, guitare.]
Article d'Alain Brunet, La Presse, Publié le 07 août 2009
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