Venue tout droit du Québec, Marie-Pierre Arthur nous arrive en France avec un second album intitulé “Aux alentours”. Ce titre, choisi par l’auteure-compositrice-interprète, renvoie d’une part aux histoires, drames et joies glanés ici et là, matières premières de l’écriture, et d’autre part à la fratrie, à ses amis musiciens nourrissant forcément la création avec lesquels elle s’amuse en studio et sur la route. De ce second opus est tiré le single “Si tu savais”, dont on ne se lasse pas à la rédaction ! Lorsqu’on nous a proposé de la rencontrer, nous ne pouvions qu’accepter !
Il y a quelques jours, c’était ton premier concert en France. Comme cela s’est-il passé ?
En fait le premier jour, j’ai fait la première partie de La Grande Sophie en duo, c’était très chaleureux comme accueil, très très relax. Les gens étaient posés, super attentifs à tout, j’ai trouvé ça très impressionnant. Je me suis sentie bien accueillie et j’ai senti que les gens comprenaient quand même ce que je raconte ! Le lendemain, c’était le spectacle avec le groupe au complet qui est monté de Montréal pour l’occasion. Avec le jetlag, on avait une énergie de fou ! C’était vraiment très excitant, et stressant à la fois, de présenter ça à toute l’équipe Polydor qui était aussi présente.
Est-ce que le public français est différent du public canadien ?
C’est un peu tôt pour affirmer des choses mais je dirais que je n’ai pas vraiment eu cette impression. Peut-être que dans les salles où le public est assis, ils sont plus attentifs, c’est comme hypnotisant pour nous. Le premier single « Si tu savais », extrait du nouvel album qui sortira en septembre, parle d’une histoire d’amour qui ne s’est pas bien terminée.
Est-ce que c’est tiré de ta propre histoire ?
Je ne dévoile jamais à qui appartient l’histoire. Y a des “je” dans mes chansons qui ne sont pas à moi, il y a des “il” qui sont à moi, les “elle” qui m’appartiennent, je mélange tout. C’est une envie personnelle, mais aussi une envie que le public puisse s’approprier les chansons sans s’imaginer moi en train de vivre ça, mais plutôt rêver en écoutant une chanson et se créer ses propres images. Cela peut-être une histoire d’amour, mais cela peut être aussi une relation familiale, deux amoureux avec un qui essaie de changer juste pour rendre plus heureux l’autre…
Est-ce que tu serais prête à changer pour un homme ?
Un peu, pas trop ! Pas changer, m’adapter un peu, oui, mais changer, pas vraiment !
Nous évoquions juste avant « Aux alentours », ton nouvel opus qui sort à la rentrée. Est-ce que tu peux nous en dire plus sur son contenu ? Est-ce qu’il sera différent du premier ?
Il est un plus rock, je pense qu’il ressemble un peu plus à ce qu’était devenu le premier album sur scène. Contrairement à mon premier album, pour ce second opus, lorsque que j’enregistrais, j’ai pensé à la scène. Je me suis arrangée pour que ça soit fun et enjoué sur scène. Dans les arrangements également, étant donné que je suis bassiste… A la base, j’aime beaucoup le rock et dans la voix, j’aime beaucoup la mélancolie, alors j’essaie de tout mixer.
Quels sont les artistes qui t’inspirent, dans la musique ou même ailleurs ?
Ailleurs, c’est large… Mais si je pense à ailleurs, je pense à Woody Allen, qui est très observateur, il regarde beaucoup les liens entre les gens, comment ils gèrent les conflits… C’est un peu ça le sujet de mes chansons, une relation versus une autre, une personne face à une autre… Woody Allen est un grand artiste et un grand observateur. En musique, il y en a tellement, qui ont changé ma vie carrément, après les avoir entendus… Il y en a qui nous font un effet qui ne disparaît plus jamais, c’est comme une nouvelle émotion qui apparaît dans notre palette. Il y a Neil Young, Gillian Welch (une chanteuse country), Patrick Watson (fort en émotion), Carole King… Je ne serais vraiment pas capable de m’arrêter sur une seule personne qui serait mon mentor.
Penses-tu qu’au fil du temps, tu pourrais évoluer dans un tout autre style musical ?
Oui… Après, tout autre, je ne sais pas. Je pense qu’on doit toujours sentir l’essence quelque peu country dans mon timbre de voix, mais je pense que le reste, les arrangements… pourraient être très différents. Mais ça me surprendrait que j’aille dans du Hip Hop ou quelque chose de ce genre. Là où je ne pourrais pas aller je crois, c’est dans la voix plutôt parlée, parce que je suis très mélancolique, plaintive, lyrique avec ma voix, puis c’est ce que j’aime faire. La voix ne change pas trop mais la musique, on peut aller à beaucoup d’endroits, j’aime beaucoup de styles différents.
Les chanteuses québécoises ont souvent la cote auprès du public français. Comment peux-tu l’expliquer ?
Je ne sais pas. Vous les aimez beaucoup ?
Oui, en général, les Français aiment beaucoup les chanteuses québécoises, souvent parce qu’elles chantent en français aussi, les textes sont soignés… Et il est vrai que souvent lorsqu’elles s’exportent, elles marchent beaucoup en France.
Ça, c’est tant mieux ! Nous, ce qu’on savait depuis le début, c’est qu’il y a un type de chanteuse à voix qui s’exportait très bien. Maintenant, on commence à sentir une ouverture pour la musique un peu plus “indé” je dirais. Je fais partie de cette mouvance là. C’est super en tout cas de pouvoir aller proposer nos chansons loin de chez nous et que ça fasse écho à d’autres personnes…
Essayons d’en savoir plus sur toi maintenant. Quelle est la première chose que tu fais le matin en te levant ?
Maintenant, c’est très simple, je m’occupe de mon bébé, c’est lui qui me réveille. Avant, je me prélassais vraiment longtemps avant de commencer à avoir un cerveau ! Maintenant, ce n’est plus possible, c’est quelque chose qui me manque un peu, c’est sûr, mais il y a autre chose qui est apparu et c’est tant mieux ! Mais en même temps, j’essaie d’apprendre à mon garçon que le matin, il n’y a rien qui presse, alors c’est lent ! Il est plus pressé que moi mais je veux lui apprendre à ralentir.
Qu’est-ce qui a tendance à t’énerver ?
Les gens pas efficaces ! L’inefficacité me rend un peu folle, parce que moi je me dis, si je ne fais pas mon spectacle, au final, c’est moi qui en souffre, mais il y a des gens qui ne souffrent pas de leur inefficacité (je l’aime bien cette expression).
Qu’es-ce qui te fait toujours sourire ?
Quelqu’un qui tombe ! (rires) Il ne faut pas que la fin soit tragique, sinon, je ne ris plus mais surtout voir la réaction des gens, ceux qui se relèvent et qui font comme si de rien était… A chaque fois, c’est hilarant pour moi, j’en ai pour la journée !
Très gourmande ! C’est toujours quelque chose à gérer, chaque jour.
Tu es plutôt jean-basket ou robe et talons aiguille ?
Jean-basket !
Ton dernier coup de cœur shopping ?
Dernièrement, j’ai eu une petite obsession sur des bottes. Des bottes sans talon aiguille évidemment car je ne suis pas capable de marcher avec ça, et puis après, si je tombe, c’est de moi qu’on va rire !
Tu arrives à rire de toi-même dans ces cas-là ?
Oui, je suis une grande habituée de ça, j’ai les chevilles un peu molles, je ne sais pas pourquoi d’ailleurs, puis je tombe. Au moins, j’offre ce que je demande aux autres !
Enfin, un petit mot pour inciter nos lecteurs français qui ne te connaissent pas encore à découvrir ton univers artistique ?
Je pense que c’est pour ceux qui ont envie de musique rock et indépendante, assez mouvementée. C’est-à-dire qu’il y a du rock et il y a beaucoup d’ambiance. Il faut avoir l’esprit ouvert mais ce n’est pas très exigeant, je pense. Écoutez-la en auto, c’est ce que j’ai envie de dire, en roulant. Je dis ça car moi, j’adore découvrir un article quand je suis en voiture.
Site officiel : www.mariepierrearthur.com
Page Facebook : Marie Pierre Arthur
Propos recueillis par Maxime Stange et Enrique Lemercier, article du 25 juin 2012 dans Pose-Mag.fr
Crédit photo : Pauline Darley et Maxime Stange