"C'est vraiment un trip de retour aux sources, avec Joseph [Marchand] et Marie-Pierre Arthur. Nous étions tous ensemble en musique au Cégep Saint-Laurent... Joseph est le premier à avoir entendu une de mes chansons"
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Ariane Moffatt: "Au Québec, j'ai commencé rapidement, le premier album a connu un succès assez précipité. Quand je vais en France, c'est comme si je payais mon dû pour ce que je n'ai pas vécu ici." photo: John Londono
Partie à la conquête d'un idéal parisien, situé quelque part entre les variétés et l'underground, Ariane Moffatt se paye un double retour aux sources.
Ariane se pose. Mais seulement après que la supersonique Moffatt eut brisé le mur du son, quelque part au-dessus de l'Atlantique. Collection de critiques élogieuses dans la presse hexagonale pour son lumineux Dans tous les sens - paru au printemps 2009 en France -, couverture pour l'hebdo culturel Télérama, performance à l'émission Taratata, et surtout, un Bataclan rempli à pleine capacité (environ 1000 personnes): sa toute récente incursion en France ressemble à une véritable percée.
"J'ai l'impression de ne plus être dans le négatif, d'être au point zéro, évalue-t-elle, une semaine après son retour. On atteint une sorte d'équilibre, les critiques sont bonnes, on a la possibilité de faire de la tournée. Ce sont des objectifs, en France, qui me satisfont."
Plus tout à fait anonyme, récoltant les fruits d'une campagne de promotion pugnace, Moffatt pose sagement les bases d'une carrière qu'elle aborde avec un enthousiasme mâtiné de lucidité et de modestie. Ce n'est pas souvent qu'on peut se refaire une virginité, rejouer à la séduction comme au premier jour, mais avec, dans ses bagages, les outils de l'expérience.
"Au Québec, j'ai commencé rapidement, relate Moffatt. J'avais déjà le public de Daniel [Bélanger], le premier album [Aquanaute] a connu un succès assez précipité. Quand je vais en France, c'est comme si je payais mon dû pour ce que je n'ai pas vécu ici, s'amuse-t-elle. Pour certaines choses, je dois recommencer à zéro, et accepter que c'est une sorte de vie parallèle que je mène là-bas. Cela dit, je n'ai pas de très grandes ambitions pour ma carrière. Pourquoi? Simplement parce que je ne me reconnais pas dans l'aspect très "variétés" de la musique française. Le côté très showbiz, très axé sur l'image... Bref, le top du top ne m'attire pas nécessairement. Si je peux juste trouver cette zone que je cherche entre le mainstream et le plus indé, comme j'ai ici, si je peux trouver mon public là-dedans, j'aurai atteint mon objectif. Et puis retourner jouer dans des clubs, devant 80 personnes debout, ce n'est pas désagréable non plus."
Comme si ce recommencement convoquait une approche plus modeste, celle qui parvient à réconcilier des musiques parfois exigeantes et une présence soutenue dans les palmarès québécois revient aujourd'hui à l'essentiel et à ses vieux amis avec sa plus récente offrande scénique: un trio acoustique.
"C'est vraiment un trip de retour aux sources, avec Joseph [Marchand] et Marie-Pierre Arthur. Nous étions tous ensemble en musique au Cégep Saint-Laurent... Joseph est le premier à avoir entendu une de mes chansons. Là, on a complètement déshabillé les chansons, c'est très minimaliste. J'ai beaucoup mélangé les styles dans le passé; là, ça m'a fait du bien d'aborder mon versant folk, et j'intègre à ça des reprises de chansons d'artistes qui m'ont inspirée: Nick Drake, Beck... C'est vraiment un beau trip de tounes, d'amis."
À écouter si vous aimez /Marie-Pierre Arthur, Daniel Bélanger, Camille
Article de David Desjardins, Voir.ca, le 17 décembre 2009