Marie-Pierre Arthur au National: belle tempête de musique
Au nombre des voix faites sur mesure pour accompagner une tempête de neige, il y a celle de Marie-Pierre Arthur : une voix qui semble tomber du ciel, aérienne, fraîche et lumineuse. Cette voix a attiré bien du monde au National, mercredi, pour assister à sa première montréalaise, malgré les tas et tas de flocons.
Petit préambule : au Québec, au cours des dernières années, les jeunes femmes auteurs-compositeurs ont été nombreuses à lancer des albums différents, intéressants, audacieux, que ce soit Coeur de pirate, Stéphanie Lapointe, Émilie Proulx, Elisapie Isaac, Catherine Durand, Catherine Major, Maryse Letarte, Geneviève Toupin... et Marie-Pierre Arthur, entre autres. Toutefois, si leurs disques sont très solides et se démarquent, leurs prestations sur scène ne sont pas toujours aussi abouties, aussi convaincantes. Manque d'assurance, de présence, d'expérience... Qu'allait-il en être de Marie-Pierre Arthur? Serait-elle un «front» ou un «roadie», pour reprendre l'expression de Daniel Boucher? L'atmosphère si prenante de son album éponyme s'adapterait-elle aux planches?
Dès les premières minutes, on a eu la réponse : Marie-Pierre Arthur est un «front» et son univers musical, plus rock, plus énergique, mais toujours aussi mélodieux que sur l'album, a atterri sans problème au National. Disons qu'on était loin de la Marie-Pierre qui assurait timidement la première partie d'Ariane Moffatt il y a près de deux ans. Mercredi, Miss Arthur avait l'air d'une jeune Chrissie Hynde francophone - sans Pretenders mais devant beaucoup de gars qui aimeraient être son prétendant, si je puis dire!
Ouvrant le spectacle avec la très belle Déposer les armes et entourée de quatre musiciens qui manifestement étaient contents d'être là avec elle, la jeune bassiste et chanteuse a interprété les morceaux country-folk à la fois rock et atmosphérique de son album éponyme en faisant notamment appel à la «chorale du National» - le public - pour chanter avec elle Elle ou Ma tête à off...
La foule a bruyamment accueilli Louis-Jean Cormier, du groupe Karkwa, quand il est venu chanter en duo avec elle la très country Tout ça pour ça. Tous deux ont offert également une fort jolie version de Never Going Back Again de.Fleetwood Mac. Marie-Pierre Arthur a aussi repris, comme sur son album, la très belle chanson de Daniel Lavoie, Qui sait, dans des arrangements qui l'actualisent sans la dénaturer, avec notamment une longue envolée de guitare électrique fort appréciée.
En raison de l'heure de tombée devancée pour cause de neige extrême, on ne pourra commenter dans ses pages tout le show de la longiligne bassiste à la chevelure noire. Mais on signalera qu'elle était notamment accompagnée d'Olivier Langevin et Joseph Marchand aux guitares, ainsi que de José Major à la batterie et de Denis Faucher aux claviers et voix.
On notera aussi que, grâce à ces excellents musiciens, Droit devant était elle aussi plus musclée (moins de pédale de piano, plus de guit et de batterie), ce qui lui convenait à merveille. Marie-Pierre Arthur est revenue au mode plus éthéré (dans de beaux éclairages) pour Entre nous pour ensuite offrir une version tout à fait rock de Sans mémoire, franchement écoeurante. Partout sur la scène, il y avait cette impression d'espace, de vastitude et d' «americana» à la façon québécoise...
En «appetizer», le bien bon trio minimaliste Avec pas d'casque, avec son style «Harmonie du soir à Chateauguay mais sur l'acide», a proposé un court spectacle nettement plus solide que la dernière fois que je l'ai vu : grâce à leurs textes étonnants, à la présence et à la connivence des trois gars - et leurs harmonies vocales, beaucoup plus développées, il me semble - , on a vraiment passé un bon moment en chantant Apaiser le singe, Dans la nature, Si on change les équipes, ce n'est plus une revanche, L'amour passe à travers le linge. Mercredi, c'était la musique qui passait à travers la tempête...
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