Trois ans après la sortie de son premier album éponyme,
Marie-Pierre Arthur offre un second opus fort attendu : Aux alentours.
Marie-Pierre Arthur a beau faire – officiellement – cavalier seul depuis la sortie de son premier album, elle se considère comme une «fille de groupe manquée». «Jouer dans un band, ça aurait été la situation parfaite pour moi, affirme la chanteuse gaspésienne. Mais un groupe, c’est quelque chose qui se crée très jeune, ou sinon, il faut que les planètes soient bien alignées en maudit! Ceux avec qui j’aurais aimé former un groupe, ils ont déjà le leur, donc on se regroupe quand on peut. Et de toute façon, en spectacle, je finis par vivre la vie de band quand même!»
Ces musiciens que Marie- Pierre Arthur a choisis comme groupe par procuration, ce sont ses éternels complices, Robbie Kuster (Patrick Watson), Olivier Langevin (Galaxie) et François Lafontaine (Karkwa), qui est aussi son amoureux. Et c’est à quatre, au studio Victor, que l’enregistrement d’Aux alentours s’est fait. «On était tout le temps ensemble, et on a ri, ça n’a pas de bon sens! lance la jeune femme. Sortir de la création solitaire, ça fait du bien, tu récoltes ce que tu as semé.»
Et si on remarque par moments des sonorités qui rappellent Karkwa ou Galaxie dans les chansons de Marie-Pierre Arthur, c’est voulu, assure-t-elle. «J’ai choisi ces musiciens parce que je voulais qu’ils teintent mon travail. Un son s’est formé quand on a commencé à faire de la musique ensemble, avant mon premier album, et je vais peut-être changer de buzz à un moment donné, mais pour l’instant, j’ai envie de vivre ça avec eux. Quand on sait avec qui on va travailler, on pense à eux en composant; les gens avec qui je travaille deviennent donc une inspiration pour moi.»
Une autre collaboratrice s’ajoute à la «gang de gars» de l’artiste : la chanteuse Gaële, avec qui Marie-Pierre a écrit les textes d’Aux alentours «à quatre mains». «Alors qu’avec François, on compose chacun de notre bord, avec Gaële, c’est vraiment ensemble qu’on écrit, compare la jeune femme. On jase longtemps, longtemps, on se réchauffe, je commence tranquillement à dire des bouts de phrase, on met la musique en boucle et on colle les morceaux.»
De l’aveu de Marie-Pierre, Gaële finit bien souvent par «entrer dans [son] cerveau et trouver les mots qui sonneront rond dans [sa] bouche». Et même si les textes de ses chansons ont souvent une saveur personnelle, ont est jamais sûr qu’ils parlent vraiment d’elle... «Il y a beaucoup de "je" qui ne sont pas les miens, des "elle" qui sont mes "je"… Je trouve ça l’fun qu’on ne sache pas qui est qui, s’exclame Marie-Pierre Arthur. J’avais envie de parler de tout le monde qui m’entoure, je suis toujours en train de les observer et de me virer à l’envers avec ce qu’ils vivent, ce que je vis... Juste le fait d’écrire sur des situations me donne l’impression que je règle des cas!»
Serein dans sa musique comme dans ses mots, Aux alentours aborde souvent le besoin de liberté, d’appartenance, avec «un détachement heureux, plus d’observation et moins de tourmente» qu’avant, résume l’artiste. «La seule chanson que Gaële ait écrite sans moi, c’est une chanson destinée à mon fils, observe-t-elle. Elle crée un univers un peu magique autour de mes fréquents départs. Ça, moi, je n’aurais pas pu l’écrire, parce que mon état d’esprit par rapport à ça, c’était plutôt la culpabilité. Mais Gaële a réussi à aller dans la direction que je voulais, celle de la liberté que je refuse de perdre.»
Et effectivement, Marie-Pierre Arthur n’est pas prête de s’arrêter. «J’ai confiance en l’avenir, je me vois vraiment avancer, faire de la musique, je n’ai pas peur de frapper un mur», affirme celle qui prévoit partir à la conquête du public français prochainement.
Mais la jeune femme assure qu’elle n’a pas «des ambitions plus grandes que [ses] chansons». J’aimerais ça que mes chansons deviennent des classiques, c’est sûr, concède-t-elle. Mais j’aime le "spot" où je me trouve présentement. Je ne suis pas terriblement connue, mais ceux qui me connaissent, c’est parce qu’ils connaissent ma musique, pas parce que je suis une vedette. Les gens qui ne m’aiment pas, ils ne me reconnaissent pas dans la rue!»
In memoriam
La pièce Chanson pour Dan, écrite avec Jim Corcoran, est dédiée à Dan Gaudreau, musicien gaspésien décédé accidentellement en mai 2010. «C’était une période où je composais à temps perdu, se souvient Marie-Pierre Arthur. La fin de semaine où Dan a disparu, je montrais la musique à François [Lafontaine], qui était ami avec Dan. On était inquiets, tristes, on avait un mauvais feeling. Et j’ai su que je ne serais jamais capable de séparer cette musique de cette émotion. Ç’a été naturel d’en faire une chanson pour lui.»
Une chanson qui n’a rien de triste, par ailleurs. «Dan était un gars joyeux, donc je ne voulais pas tomber dans le drame, dit la chanteuse. Je ne voulais pas non plus prétendre être sa meilleure amie. Il n’était plus dans mon quotidien depuis un moment. Donc, pour être bien, tout ce que j’ai besoin de m’imaginer, c’est qu’il a du fun de l’autre bord. S’il est correct, je suis capable de m’arranger avec le fait que je m’ennuie de lui. C’est ça, l’image que je voulais transmettre.»
Aux alentours
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