dimanche 5 février 2012

Marie-Pierre Arthur: d'ombre et de lumière


(Québec) Marie-Pierre Arthur aime bien la chanson Bye Bye Love des Everly Brothers : «Bye bye love \ Bye bye, happiness \ Hello, loneliness \ I think I'm gonna cry...» Elle est surtout fascinée par l'effet que ce classique a sur les gens qui l'écoutent. «Le gars, il est prêt à se suicider et tout le monde chante la bouche grande ouverte, tout le monde danse. J'adore ça!» rigole la chanteuse.

Dans la tournée qui a suivi la parution de son premier album, Marie-Pierre Arthur a observé le même genre de phénomène avec sa pièce Pourquoi. «C'est vraiment la chanson qui a le plus tourné sur mon premier disque et c'était aussi le plus grand contraste, raconte-t-elle. Quand j'arrêtais de chanter, je regardais le public. Tout le monde avait l'air heureux et chantait à gorge déployée. Et au fond, ce qu'ils étaient en train de dire, c'est : "Je ne feel pas du tout!" C'est bien le fun à observer

Les antithèses comme celle-ci, l'auteure-compositrice-interprète les a cultivées sur son deuxième album, Aux alentours, en magasin mardi. Et pas seulement sur la pochette en clair-obscur, qui ne dévoile qu'une partie de son visage. Si plusieurs textes naviguent en eaux troubles, les musiques, elles, se font tantôt lumineuses et rythmées, tantôt apaisantes. Des oppositions renforcées par l'environnement sonore, où les guitares rocailleuses côtoient la voix aérienne de celle qui, dans une autre vie, était bassiste pour des collègues musiciens (Ariane Moffatt et Stefie Shock, notamment).

«Ça existe naturellement. La basse amène le côté rock de ce que j'aime faire, mais quand je chante, il ressort quelque chose de plus lumineux à cause du son de ma voix. On a joué plus sur ce contraste sur cet album-là», note la musicienne, qui a pu compter sur son conjoint, François Lafontaine (le claviériste de Karkwa), à la réalisation de son disque. C'est un peu à lui, d'ailleurs, qu'on doit les guitares qui s'affirment avec plus de ferveur sur cette nouvelle offrande.

«On a beaucoup écouté de musique ensemble dans la dernière année. Beaucoup de musique des années 70, de grosses guitares avec quelque chose de super affirmé, sans dentelle, explique la chanteuse. C'est sûr que ça se reflète à un moment donné. Et je suis allée chercher quelque chose de plus près de ce que je suis en spectacle. En jouant de la basse, il y a un côté de moi qui est plus rock que planant. Mais j'ai voulu que ce soit les deux en même temps.»

Être proche des gens

Pour cette deuxième aventure en studio, Marie-Pierre Arthur a retrouvé une complice qui lui est chère, Gaële, qui l'avait épaulée avec les textes de son premier album. Les deux copines ont repris la plume ensemble pour mettre des mots sur les musiques signées par la chanteuse et son amoureux.

«On est de grandes amies et après le premier album, on est tombées toutes les deux dans le jus et on s'est beaucoup moins vues, relate Marie-Pierre Arthur. Ça m'a fait un grand bien de retrouver ma chum, la personne à qui je dis les choses que je ne dis à personne d'autre. C'est surtout ça qui est important dans la vie, je trouve. D'être proche des gens qu'on choisit

Ces gens qui sont proches d'elle, c'est justement d'eux qu'elle parle sur Aux alentours. Elle évoque des histoires d'amour pas très heureuses, ponctuées de jalousie, de craintes de s'oublier dans le couple, de relations qui s'effritent, de mots qui blessent. Elle évoque aussi la mort d'un proche, Dan, dans un texte qu'elle cosigne avec «le bon ami» Jim Corcoran. Des récits souvent sombres pour habiller des mélodies folk-rock dotées d'un fort côté givré... Encore des contrastes!

«Ce n'est pas conscient quand je le fais, lance la chanteuse. Mais au final, je me rends compte que c'est vraiment comme ça que je suis dans la vie. Je suis capable d'aller assez creux dans les états, mais j'ai besoin de beaucoup de folie. J'ai besoin de sentir que je donne du bonheur aux autres, que je rends leur vie un peu plus drôle parfois... Pour les chansons, c'est la même chose. J'ai besoin qu'elles me liftent l'état, mais je souhaite qu'elles disent quelque chose aussi.»

D'ici quelques mois, Marie-Pierre Arthur lancera son album en France. Elle espère évidemment que tout s'y passe bien, mais elle essaie de ne pas trop se faire d'idées. Après tout, pour avoir vu aller son copain et la formation Karkwa, elle sait que les tournées européennes dans des villes où le public est à conquérir, ce n'est pas toujours du gâteau. «Je ne suis pas naïve à ce niveau-là! Pas pantoute!» lance l'artiste, qui renouera avec une confiance beaucoup plus grande avec son public québécois. Avis aux intéressés, elle passera chez nous le 4 avril, au Grand Théâtre.

Vous voulez y aller?

Qui : Marie-Pierre Arthur

Quand : le 4 avril à 20h

Où : Grand Théâtre

Billets : de 35,50 $ à 37,50 $

Tél. : 418 643-8131

Par Geneviève Bouchard, Le Soleil, Publié le 04 février 2012

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